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4 mars 2013

Le jour où j'ai payé pour me faire tabasser

Il y a quelques semaines, Copine est descendue passer le week-end dans le sud. Soit dit en passant, Copine a parfaitement calculé son coup pour descendre, rapport au fait qu'il est tombé 10 cm de neige chez moi le week-end d'avant et le week-end d'après, alors que pendant ces 3 jours là on a eu un soleil idyllique.

Assumant tout à fait de s'embourgeoiser grave maintenant qu'on a un boulot correctement payé, nous avions décidé de concrétiser un truc auquel on pensait depuis l'école: aller se faire masser dans un spa. Oui, on aurait pu y aller depuis un bail chacune de notre coté, surtout Copine à Paris, mais 1/ on avait toute les deux un peu peur de grave s'ennuyer et 2/ au moins si ça se passe mal, c'est plus sympa de se sentir seul à deux.

spa1Avouons que présenté comme ça, ça claque !

Quelques jours avant l'arrivée de Copine sur la Côte, j'avais fait le tour des Spa de la région pour lui en proposer une liste et faire un choix. Nous nous étions mises d'accord sur le même programme comportant:

1/ Hammam
2/ Enveloppement

3/ Gommage

4/ Massage

Le tout étant présenté comme devant durer deux heures, ce qui nous semblait tout à fait correct pour pouvoir faire quelque chose de sa journée. (Sérieusement, la plupart de ces établissements proposent des forfaits pouvant durer jusqu'à 6 heures. SIX HEURES, bordel. Vous vous rendez compte de comment ça doit être long, 6h à ne rien faire ? Et puis quand est ce qu'on mange dans cette histoire ?).  A l'heure dite, nous nous présentâmes à l'accueil. La nana nous expédia manu militari  pour la première étape:

1/ Le Hammam

Ne nous leurrons pas, nous n'entrons pas dans un vrai hammam. Nous voila dans une pièce de dimensions confortables, avec deux douches façon piscine municipale dans un coin, une cabine de 4m sur 3m dans l'autre coin et deux sièges entourant une table chargée de deux thermos de thés. Lumières tamisées façon lupanar. Fauteuil en rotin. Ambiance.

La nana s'approche de la grande cabine, touche des boutons et dit d'une voix horriblement douce "j'ai réglé le hammam. Vous verrez, il y a des huiles essentielles d'eucalyptus, c'est bien pour tout ce qui est respiratoire". Elle nous donne une serviette à chacune et s'en va en nous promettant de revenir dans une trentaine de minutes. Copine et moi nous regardons. Nous décidons de nous isoler l'une après l'autre dans les toilettes pour revêtir nos maillots de bain. Notre amitié comporte quelques lim:ites, que diable. Copine passe en premier. Quand je sors de la salle de bain, Copine a disparu. Comme il n'existe pas des milliers de cachette dans la piaule et que c'est moi qui ait les clefs de la bagnole, je suppose qu'elle est dans la grande cabine.

J'ouvre courageusement la porte et me prend une grande goulée de buée dans la figure. Ca déconne pas, quand on parle hammam. Je ne vois pas à 50 cm. Je me glisse sur un des sièges en plastique et me renseigne quant à l'identité de la forme que j'ai vu bouger à l'autre bout. Bonne nouvelle, c'est pas le satyre du coin. Nous entamons un dialogue pour le moins philosophique.

Sassinak: J'ai chaud

Copine: C'est le concept, je crois

Sassinak: ...

Copine: ...

Sassinak: ...

Copine: Y'a une goutte qui coule sur ma jambe, je sais pas si c'est la buée ou ma sueur, c'est perturbant

Sassinak: La même.

Copine: ...

Sassinak: Tu sens l'eucalyptus, toi ?

Copine: Non. A mon avis, elle a du se shouter avec au lieu d'en mettre dans la machine.

Nous suons donc de concert pendant quelques minutes. Je tente de faire le vide dans mon esprit quand soudain, je perçois clairement ce à quoi je pense depuis tout à l'heure. Je l'ai vu il n'y a pas longtemps. Il faisait quelques cm, se séparait en pluseurs branches et était vert.

Sassinak: T'as pas l'impression d'être un gros brocolis à la vapeur ?

brocolis

 

Copine acquiesce. Fou rire. On décide de sortir. On se dit qu'heureusement qu'il y a une loupiote au dessus de la porte, parce que c'est quand même un coup à ne jamais trouver la sortie, cette histoire de buée opaque furtivement parfumée à l'eucalyptus.

Timing pas trop mauvais,on a juste le temps de prendre une douche et de boire un thé quand la nana revient, une lueur légèrement hystérique au fond des yeux (ça doit être l'eucalyptus qui fait effet). C'est l'heure des soins !! Copine et moi faisons deux équipes de un. Je m'installe dans une petite pièce munie d'une table de kiné et d'une douche pour l'étape 2:

 

2/ L'enveloppement

C'est un peu le truc que je redoute: se faire emballer dans une grosse feuille de cellophane pendant 20 minutes.

La nana me propose 3 options: les algues, les huiles essentielles et un troisième que j'ai oublié. J'avais lu quelque part que les algues, c'est cool. Alors j'ai pris les algues. La nana rempli une espèce de saladier métallique (j'ai le même, c'est un ikéa) avec une mixture pour l'instant inodore, touille un peu, cale le saladier entre mes jambes (bonjour, je suis un meuble) et commence à m'enduire les jambes d'une substance brûnatre. La mixture commence illico à me piquer grave, mais je me dis que ça va passer. Erreur. Elle me dit "attention, ça va sentir un peu la marée". QUOI ? Effectivement, une demi seconde après, l'odeur arrive. J'ai l'impression de chercher des moules à marée basse en Bretagne, option "moi je pêche à coté d'un cimetière marin, ça vous pose un problème ?". Je retiens l'envie de hurler un "Vous pouviez pas me dire avant, que ça shmoute grave, votre histoire ? Ca t'arracherait la gueule de me dire que personne n'a jamais pensé à neutraliser l'odeur ? Saloooooope".

La nana fini de m'enduire consciencieusment. Je me retrouve emballée dans une feuille de cellophane, sous une couverture chauffante. Elle s'en va en promettant de revenir dans une vingtaine de minute. 

J'ai les jambes qui piquent. J'ai l'impression d'être un morceau de saumon dans un maki géant qu'on aurait mis au four. Je ne peux pas bouger. Il y a un cd avec des chants d'oiseaux et des moines tibétains. Bref, le temps passe lentement, et je me sens de plus en plus tendue.

makiSi j'en déduis qu'un maki, ça a l'air bon

Dois je en déduire que j'avais l'air bonne dans mon emballage ?

La nana revient. "Allez, tous à la douche", comme disait Klaus Barbie. Je vous laisse imaginer la simplicité pour se redresser en étant entourée d'une grosse bâche de plastique, qu'aucune partie de votre corps n'offre d'adhérence et qu'en plus il faut descendre de la table. Je parviens à entrer dans la douche sans me fracturer quoi que ce soit (des fois, je m'épate), ouvre le jet, et repeint instantanément la cabine de douche en noir. Et merde.

Je croise Copine, et je passe à l'étape 3.

3/ Le gommage.

Le but de la manoeuvre, c'est d'ôter les cellules mortes de la peau en frottant avec des grains. En frottant fort.

Me voila donc étendue sur le ventre et sur une autre table, dans une pièce dépourvue de cabine de douche et avec une autre nana. Nous l'appelerons Olga, pour des raisons qui seront détaillées dans le prochain chapitre. Olga saisit une de mes chevilles et commence à frotter.

A ce moment là, Sassinak se pose la question de son surnom. Elle pense alors à Crin Blanc, à Stewball, voire même à Lady Godiva. Parce que honnêtement, Sassinak à surtout l'impression de se faire étriller comme un cheval. Olga y met du coeur. Olga a l'air de vouloir montrer à son prof d'équitation qu'elle sait s'occuper d'un canasson et qu'elle mérite son galop 4.  De son coté, Sassinak douille grave. Mais Sassinak se fait cette réflexion complètement con véhiculée depuis des siècles: "faut souffrir pour être belle". J't'en foutrais. Sassinak subi en silence.

Au bout d'environ 3 siècles et demi, la torture s'arrête enfin. Nous passons à la fin du programme.

4/ Le massage

Bon. C'est LE moment que j'attendais. Se faire masser, il paraît que c'est le must absolu. Olga revient. Je reste sur la table et sur le ventre, j'attend tranquillement l'osmose avec l'univers (ouais, rien que ça). 

Au début, tout va bien, c'est même plutôt cool. Je pense fugacement au fait qu'à un moment, il va falloir que je me rhabille et que je suis actuellement enduite d'huile, façon mannequin au salon de l'auto. Evidemment, ça me crispe instantannément. La petite voix à l'intérieur de moi me hurle "MAIS TU VAS TE DETENDRE, BORDEL ?!??". Ah oui, c'est comme ça que je vais y arriver, hein, merci la voix. Les mains d'Olga valsent sur mon dos, en haut, en bas, sur la nuque. J'ai l'impression d'être un gros panisse prêt à frire. Olga descend sur mes jambes. C'est hyper agréable. "NE PENSE PAS A LA FACON DONT TU VAS METTRE TON JEAN APRES CA". Oui, merci la voix, maintenant que tu l'as mentionné, ça va être simple de pas y penser. Olga m'attrape les chevilles. Original. Olga tire sur mes chevilles comme si elle voulait les séparer du reste de mon corps. Uh ? Olga remonte vers mes genoux. Ouf. Redescend vers mes chevilles. Oh non. Recommence son truc chelou. Aïeuuuh. Derechef, remontée vers les genoux, descente vers les chevilles. J'ai une légère appréhension.  Ce coup ci, Olga varie et pousse sur mes chevilles comme pour faire remonter mes genoux dans ma cage thoracique.

catchJE VAIS TE DETENDRE, MOI !!

 

Olga quitte mes jambes et revient vers mon dos. Je me demande si elle va continuer à se prendre pour une catcheuse des pays de l'est. Olga pose ses deux mains sur mes omoplates et me demane d'inspirer. Je m'exécute. "OBEIS OU ELLE VA TE PETER LA GUEULE DEFINITIVEMENT". Oh, la ferme. Une fois mes poumons pleins, elle me demande d'expirer. Ca c'est bon, j'aurais trouvée toute seule. Pendant que je dégonfle tranquillement, Olga appuie sur mes omoplates de tout son poids. Ourgh. Olga a donc bien l'intention de continuer son combas de catch. "Allez, une deuxième fois". Hein ? Comment ça une deuxième fois ? "Une deuxième fois !". Bon, ben, une deuxième fois. Mais ce sera tout, faudra me laisser après.  "Allez une troisième fois". Quoi ? Niet, ça va être possible madame. "Une troisième fois !!". Sérieusement, je suis en train de payer pour me faire tabasser ? J'inspire une troisième fois. J'expire. Impression bizarre que ma cage thoracique est sur le point d'imploser sous la pression. Olga continue son office pendant quelques minutes et me relâche. Enfin.

J'ai le droit d'aller prendre une douche, avec ma serviette transformée en serpillère (j'ai déjà pris 3 douches dans les 2 dernières heures, c'est trop demander d'avoir une serviette sèche ?). Douche sans savon parce que sinon on perd tous les effets de l'huile. Tu m'en diras tant. J'essaie de me sécher avec ma serviette mouillée. Je rentre dans mon jean facilement, rapport à mes jambes lubrifiées à l'huile de je sais pas quoi. J'ai la peau à vif, la sensation de sortir d'une machine à laver, mode essorage à fond et j'ai des remugles d'algues malgré les douches. Pour le dernier point, je pense que c'est dans ma tête.

On paye (cher). On sort. Débriefing. Copine se lance.

"C'était super ! J'ai fait un enveloppement aux huiles essentielles, ça sentait bon, le gommage c'était vraiment sympa et la masseuse était carrément douée.

- Ah."


Des fois, dans la vie, on perd.

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Commentaires
L
Pour le hammam pourtant je t'avais prévenue dans un article il y a quasiment un an ! Mais c'est bien il faut se forger ses propres expériences ! <br /> <br /> Des bisous
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