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24 février 2013

Le dernier voyage de la boite de conserves à roulettes

 Des fois, dans la vie, on perd.

Souvent, j'ai l'impression de perdre un peu plus souvent que les autres.

Il y a quelques dimanches de cela, l'Homme m'avait proposé une journée sur circuit. Pas n'importe quel circuit, le circuit glace du Val d'Allos, avec la Giuilia que son chef aime bien prêter. Allez savoir comment, je me suis entendue répondre "oh ben oui, c'est une bonne idée !". Ceux du fond qui viennent de dire que quelque part, je cherche les emmerdes, peuvent sortir. Merci.

Giulia_TI_Super

(une comme ça, mais avecplus de phares, plus d'autocollants et moins de sièges).

J'avais occulté deux choses: 1/ circuit glace = il va faire froid et 2/ il faut y être pour 8h30 et on a 2h30 de route.

 

Ce fameux dimanche, le réveil sonne donc à 5h. Pour ma santé mentale, j'avais refusé de programmer ce réveil sur mon téléphone. Le lever fut sensiblement difficile, mais pas autant que l'ouverture de la porte d'entrée. Première réflexion: "ça pèle". Deuxième réflexion: "ah oui, maintenant je me souviens que le chauffage de la bagnole ne fonctionne pas".

Il est donc 6h, nous sortons dans la nuit noire. L'Homme opère une manipulation étrange avec la batterie, parce qu'elle a du mal à démarrer. Déjà, là, j'aurais du flairer qu'il y a un loup. Je devais être encore trop endormie pour réfléchir. Je m'encastre avec autant d'enthousiasme que mes lèvres gercées le peuvent dans le siège baquet et ajuste les sangles.

L'Homme met le contact. VROUM VROUM VROUUUUUUUUUUM. Il paraît qu'il faut que le moteur chauffe un peu avant de partir. Je m'attend avec un peu d'appréhension à voir un voisin sortir en pyjama et avec un fusil. Il faut croire que nos voisins sont plutôt cools. Ou qu'ils sont accro au xanax.  Et nous voila parti par les chemins. A cette heure ci, on ne croise pas grand monde. De toute façon, je m'endors au bout de quelques kilomètres, je ne pourrais pas vous raconter grand chose de cette partie là (note de l'auteur: oui je peux m'endormir dans une voiture qui fait à peu près autant de bruit qu'un réacteur d'avion, qui pue l'huile de moteur, dont les suspensions semblent avoir rendu l'âme il y a des siècles, sans chauffage et dans des sièges baquets hors d'âge. Normal).

 

8h32, nous arrivons au circuit. Descente de la voiture pour changer les pneus et mettre les pneus clou. Mes pieds se congèlent immédiatement malgré les deux paires de chaussettes. Je décide de rentrer dans le bâtiment de l'accueil pour enlever ma parka et passer un douze millième pull. Je suis accueillie par l'ours local. "Ah bah oui ma bonne dame, il fait pas chaud ce matin, là y'a pas de soleil alors il fait -18°C blablbalblabla" (mon cerveau a bloqué quand il a entendu la température). Je ressors aider l'Homme a effectuer le changement de pneus.
 Quelques voitures tournent déjà. Au volant d'une d'entres elles, un garçon d'une douzaine d'années, qui se débrouille sacrément bien. L'Homme dit "en même temps, quand t'as une 4 roues motrices, 400 chevaux et un couple de malade, c'est facile, hein". Jalouxv?

Une vingtaine de minutes plus tard (je voudrais vous y voir, changer des pneus par cette température), c'est partiiiiiiiiiiii ! Nous tournons une vingtaine de minutes, avec l'Homme au volant. On enchaine tranquillement les virages en crabe, les têtes à queues, les "c'est normal d'être dans ce sens là ?", en bref on s'amuse bien. Puis l'Homme propose de me laisser le volant. J'accepte avec joie et gratitude.

Premier tour, tout va bien. "tourne pas autant le volant, quand l'adhérence va reprendre tu vas partir n'importe où". Ah oui, effectivement. Début du second tour. "Tourne pas autant le volant, on va faire un tête à queue". Ah oui, effectivement. "On fait un tête à queue, lâche tout, t'en fais pas". Sassinak lâche tout, même la pédale d'embrayage, donc Sassinak cale. "Le coupe circuit est en place, y'a qu'à remettre le contact". .... "Ben remet le contact"... "Ah, je crois qu'on a un souci". Nous échangeons de place. L'Homme tourne la clef, comme je l'avais fait précédemment. Rien ne se passe, comme je l'avais constaté précedemment. Un jour, l'Homme me croira sans avoir à tester par lui même. On démarre avec la voiture de quelqu'un qui tournait avec nous et on remonte sur le parking. Il est 9h15. Wouhouuu !

L'Homme passe les deux heures suivantes les mains dans le moteur, après avoir conclu que l'alternateur était mort (alors pourquoi continuer à trifouiller le cambouis ? Pour le plaisir de toucher une clef à molette ?). Pendant ce temps, je reste sagement dans la voiture,que l'Homme a eu la prévenance d'installer au soleil. Je fais comme si je n'avais pas froid. Pas certaine qu'il me croit. Beau papa et la smala arrivent vers 12h. L'Homme fait repartir la voiture jusqu'à la fermeture du circuit, parce que "après on pourra démarrer aux câbles avec la voiture de mon père". Certes.  J'en profite pour monter dans la voiture de beau papa pour me réchauffer. Parce que sa voiture, elle a du chauffage et elle aussi les sièges chauffants. Plus jamais je dis que ça sert à rien, les sièges chauffants. Mes fesses congelées sont revenues à la vie en moins de 10 minutes.

A 13h, fermeture du circuit. Cela devait durer jusqu'au soir mais beaucoup de gens se sont désistés et la neige devrait commencer à tomber d'ici 20 minutes. Nous (l'Homme, beau papa et la smala et moi) décidons de redescendre dans la vallée pour pique niquer. Avant ça, il faudrait mettre un peu d'essence dans la Giulia. Arrivé devant la station, l'Homme passe au point mort pour remettre ensuite la première (oui, ce détail a son importance). Et là, c'est le drame. La boite est bloquée. Impossible de passer une vitesse. Même au point mort, le levier de vitesse ne bouge plus.

L'Homme me regarde. Je regarde l'Homme. Je pense que pour la première fois, on se comprend totalement avec un simple échange rétinien. "C'est la merde ?" demande je silencieusement. "Oui, on est pas rentrés" me répond l'Homme avec un silence éloquent. Numéro 1, beau papa et moi poussons la voiture pour la mettre sur le coté. Je laisse le lecteur faire preuve d'imagination quant au fait de pousser un machin de plus d'une tonne en prenant appui sur une surface fort peu adhérente. Zioup la plaque de verglas si vous préférez. Après 10 minutes où beau-papa et numéro 1 argumentent sur le thème de "je prend mon iphone et je regarde sur le bon coin si on peut pas acheter un plateau dans la région", l'Homme a pour sa part appelé l'assurance pour savoir si on avait une assistance prévue dans le contrat d'assurance. Effectivement. Nous pique niquons par -2°C sur le parking du circuit en attendant la dépanneuse. La neige commence à tomber tout doucement.

Le dépanneur repart avec la voiture. Beau papa et la smala repartent aussi. L'Homme et moi nous retrouvons seuls dans un troquet en attendant le taxi.  La neige tombe de plus belle. Le troquet ferme. Belle synchronisation avec le taxi qui arrive aussitôt.  Nous entrons dans une 407 intérieur cuir. Y'a pas à dire, le retour sera plus confortable que l'aller. Nous commençons à discuter avec la dame du taxi, qui commence à nous raconter l'intégralité de sa vie. On lui explique qu'on était sur le circuit aujourd'hui, qu'on a eu une panne, tout ça. "Ah ? Mon fils aussi il aime les belles voitures ! Lui, il est champion de France de tunning !". Je me mord les lèvres très fort, après tout on est partis depuis 30 minutes, ça fait toujours loin pour rentrer si la dame est vexée et décide de nous laisser finir à pied. Sans aucune solidarité pour l'Homme, je m'endors et le laisse lâchement discuter enceintes incrustées dans la plage arrière et spots bleus sous le châssis.

 

La dame nous laisse là où l'Homme avait garé sa voiture. Les 400€ de taxis seront payés directement par l'assurance. Je sens ma carte bleue pousser un soupir de soulagement. Nous terminons le trajet avec sa BX, aka la voiture la plus dangereuse du monde.

"Mon chéri, pourquoi le voyant stop est allumé ?

- Oui, elle a un petit souci cette voiture

- ...

- ...

- C'est moi ou tu viens de couper et de remettre le contact alors qu'on est sur l'autoroute et qu'il fait nuit ?

- Elle a un petit souci. Il faut faire ça, sinon on a plus de suspensions

- Ah".

 

On a fini par rentrer. J'ai pris une douche et me suis couchée en me jurant qu'on ne m'y reprendrait plus.

 

 

 

 

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Commentaires
S
"C'est moi ou tu viens de couper et de remettre le contact alors qu'on est sur l'autoroute et qu'il fait nuit ?"<br /> <br /> <br /> <br /> Dans le top 3 des phrases les plus improbables de l'univers :)
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